25 May 2015

Three questions to Antoine Frérot, CEO at Veolia

by Rosa Vicari / École des Ponts ParisTech

TROIS QUESTIONS À ANTOINE FRÉROT, PDG DE VÉOLIA

Antoine Frérot Ingénieur des Ponts, Eaux, et Forêts, et docteur de l’Ecole des Ponts ParisTech, est l’un des intervenants de la Conférence RainGain “CHERCHEURS ET GESTIONNAIRES DE L’EAU PRÉPARENT LA VILLE POUR LE CLIMAT EN ÉVOLUTION” du 8 et 9 juin. Il inaugurera à cette occasion le radar de l’École des Ponts ParisTech, dont l’acquisition a été rendue possible par la Chaire « Hydrologie pour une Ville Résiliente » soutenue par Véolia, la Région Île-de-France, et le Programme Interreg NWE IVB.

Pourquoi ce projet est-il innovant et quelles sont les raisons qui vous ont amené à le soutenir?

L’enjeu de ce projet est de mettre une nouvelle technologie de prévision de pluie et de mesure des précipitations à la disposition des opérateurs des systèmes d’assainissement en milieu urbain. Cette technologie radar innovante permet d’atteindre les échelles spatio-temporelles pertinentes pour l’hydrologie en milieu urbain et a vocation à devenir un outil opérationnel économiquement accessible aux grandes métropoles urbaines. C’est d’ailleurs dans ce but que les quatre sites d’expérimentation choisis pour ce projet européen RainGain (Programme Interreg NWE IVB) ont été Londres, Louvain, Rotterdam et Paris.

Le contexte mondial est caractérisé par une augmentation de la population vivant dans les mégalopoles et une vulnérabilité de ces mégalopoles, et en particulier l’ensemble de leurs activités sociales et économiques, aux épisodes pluvieux intenses dont le changement climatique devrait renforcer la fréquence.L’ambition de Veolia est de proposer des services qui permettront d’accroitre la résilience des villes grâce à une anticipation des risques et la mise en œuvre de mesures de gestion de crise et une optimisation de la protection des biens et des personnes.

Cette technologie sera mise au service d’une meilleure gestion des infrastructures et sera couplée à des outils de modélisation hydrauliques en vue d’une gestion optimisée des systèmes d’assainissement par temps de pluie.

Comment le projet s’inscrit-il dans la stratégie de recherche et innovation de Veolia?

Ce projet traduit une transition entre le métier historique de gestionnaire d'un service urbain, en l'occurrence d'assainissement, et la gestion de la ville durable, digitale et résiliente.

Veolia s’appuie sur des nombreux partenariats académiques  avec des institutions reconnues mondialement dans leur domaine dans de nombreux pays : Chine, Etats-Unis, Danemark, Allemagne… Il nous a paru naturel de nous associer avec l’École des Ponts ParisTech dont l’expertise dans ce domaine est particulièrement pointue.

Notre stratégie est de permettre à la recherche académique de se développer, de produire les données de base d’une meilleure anticipation météorologique et d’y ajouter des modules propres à alimenter nos besoins d’opérateurs pour maîtriser la chaine de valeur, technologie de prévision, mesure de pluie et traitement de ces données au service de la ville.

On connait tous l’importance du volet météo dans l’information quotidienne mais également dans les tableaux de bord des « Smart cities », cette technologie permettra de produire une information fiable et utilisable à l’échelle d’une agglomération urbaine.

Quels sont les principaux enjeux de l'hydrologie en zone urbaines?

Les grandes agglomérations ont d’abord tourné le dos à leurs espaces aquatiques : de nombreuses rivières urbaines ont été transformées en égout et de nombreuses zones humides ont été supprimées au bénéfice de l’urbanisation.

Aujourd’hui, la ville retrouve le plaisir de l’eau, les espaces récréatifs aquatiques se multiplient, les rivières urbaines sont restaurées et l’urbanisation respecte les espaces aquatiques. Les enjeux auxquels l’hydrologie urbaine est confrontée peuvent être classés en 2 catégories :

  • Les gammes de pluies « moyennes à fortes » pour lesquelles il s’agit de minimiser l'impact des rejets urbains par temps de pluie sur le milieu récepteur : Impacts environnementaux ou, le cas échéant, sanitaires pour des zones de baignade ou conchylicoles. La solution est de mettre en œuvre une gestion hydraulique optimisée de l'ensemble des ouvrages du système d'assainissement (hypervision 'métier'). 

  • Les Gammes de pluies « fortes à exceptionnelles » qui doivent être gérées  à l'échelle d'une mégalopole afin de mobiliser l’ensemble des acteurs dans la gestion d'une crise aigüe par la faculté de coordonner des moyens dédiés sur les secteurs/sites soumis (ou potentiellement soumis) aux risques immédiats d'inondations. Il s’agit alors d'assurer autant que possible une mise en sécurité des personnes, des équipements stratégiques "d'intérêts vitaux" des différents services urbains ainsi que des acteurs économiques. 

La France, comme les autres pays européens, met en œuvre la Directive Européenne Inondations du 23/10/2007 qui impose aux collectivités une mise en place de stratégies locales de gestion du risque  inondations (SLGRI) dans les zones déjà identifiées et répertoriées comme étant à risque : les  TRI,  les  Territoires  à Risque Important d'Inondation. Les travaux de la Chaire « Hydrologie pour une ville résiliente » de l’École des Ponts ParisTech à laquelle Veolia s’est associée s'inscrivent favorablement dans cette démarche européenne pour mieux comprendre et limiter les risques liés aux inondations.

Enfin, pour ce qui concerne  l'autre facette de la résilience hydrique  à savoir  le  "pas  assez d'eau"  et  le risque de sécheresse , nous développons une gamme d'outils  de nature  à garantir un emploi efficace  de la ressource en eau  et à limiter son  manque : je mentionnerai le REUSE (recyclage des eaux usées traitées), les  réseaux intelligents  notamment  au travers de  notre partenariat avec  IBM qui  contribue à la réduction  des  fuites  au  niveau d'un  réseau urbain d'alimentation en  eau, et donc à une gestion optimisée et efficace de la ressource.

La conférence RainGain reunira autour de 200 participants : scientifiques, industriels, institutionnels en provenance des tous les continents. La participation est gratuite, mais l’inscription avant le 30 mai est obligatoire. Cliquez ici pour le programme et les inscriptions