Alerte inondations dans le sud-est de la France: interview à Emphoux et Aicardi (Antibes)

Inondations, éboulements, glissements de terrain, arbres tombés: le sud-est de la France a été durement touché par les intempéries du week-end dernier. Entre le 17 et le 19 janvier il a plu l’équivalent de deux mois dans plusieurs communes du Var.

Dans les Alpes-Maritimes, les précipitations ont pu être surveillée par un radar en bande X à double polarisation localisé sur le Mont Vial (Malaussène). Valérie Emphoux et Jean-Marie Aicardi de la ville d’Antibes Juan-les-Pins nous racontent comment cette situation d’urgence a été gérée.

Quelles ont été les conséquences de ce fort épisode orageux à proximité de votre territoire et comment votre service a répondu à cette situation d’alerte?

Si les fleuves côtiers varois ont subi des inondations importantes (par exemple Gapeau et Argens), le département des Alpes-Maritimes a été assez épargné. Ici les intempéries ont provoqué de très nombreux glissements de terrain avec coupures de routes, mais relativement peu de débordements et ruissellements urbains.
Avant et pendant l’épisode pluvieux, nous avons mis en place notre dispositif classique : vigilance météo, déclenchement du serveur d’appels téléphoniques en masse pour prévenir les habitants des zones inondables lors de la mise en vigilance Orange de Météo France, mise en alerte des équipes municipales, surveillance de terrain, préparation des évacuations éventuelles, etc.
Au final, il n’y a pas eu nécessité de fermer les routes ou d’évacuer des populations le week-end dernier  (pour info un camping avait été évacué lors de fortes précipitations quelques jours auparavant).
 

La Ville d’Antibes Juan-les-Pins dispose d’observations fines des précipitations grâce à un radar en bande X à double polarisation. Quel est l’apport de cet outil dans la gestion du risque d’inondation, en particulier dans la situation récemment vécue?

Comme nous avons pu le présenter au colloque RainGain d’octobre 2013, cet outil est utilisé pour suivre les évolutions pluviométriques en temps réel (déplacement des cellules orageuses, cumuls de pluie, intensités instantanées, …), et en anticipation sur environ une heure. Il nous permet d’affiner l’analyse hydrologique que nous faisons « à chaud » avec nos propres observations de terrain (saturation des sols, ruissellements urbains, mise en charge des réseaux pluviaux, …) et réseaux de mesures, et de mieux asseoir les décisions d’intervention de la protection civile urbaine. Après l’évènement, il nous permet de faire une analyse hydrologique rapide.

Vous avez pu constater une tendance des riverains à sous-estimer le risque d’inondations. Comment une meilleure perception du risque peut favoriser la prévention et quel rôle peuvent jouer la communication et l’éducation?

Avant les crues, la connaissance des phénomènes (hauteur et étendue possible les eaux, vitesses, …) permet d’étudier les mesures de mitigation à mettre en place par les particuliers eux-mêmes. Pendant les crues, une meilleure perception du risque permettrait aux riverains de s’interroger sur la conduite à tenir pendant les évènements pour se mettre en sécurité, et a minima de respecter les consignes de sécurité. Après les crues, on peut imaginer que le choc « psychologique » est moins violent.

La communication et l’éducation sont des volets essentiels de la prévention, mais qui demandent l’adhésion des personnes à informer et former (c’est la difficulté). Il y a certainement beaucoup de projets et d’idées à tester dans ce domaine, sans doute mal appréhendé si l’on juge les témoignages après chaque inondation.

Pour en savoir plus sur l’expérience de la Ville d’Antibes dans la gestion des crues éclaires en milieu urbain voir la présentation de Valérie Emphoux et Jean-Marie Aicardi du 23 octobre 2013: Alerte et gestion des crues éclairs sur les petits bassins urbains.